Parc Victoria-1939-1945

Le 03/02/2023 0

Dans Les clubs

Victoria et club Voirie

[Section précédente : Le club Victoria, 1911-1938]

Après trois décennies de pratique du tennis dans les clubs Victoria puis Jacques-Cartier, les amateurs qui fréquentaient le parc ont eu en mai 1938 la désagréable surprise d'apprendre que les courts seraient réservés à la clientèle du curling.

En plus de laisser une bonne centaine de membres orphelins, la disparition du club de tennis bousculait le calendrier des tournois régionaux pour la saison. Le Jacques-Cartier était l'hôte du simple féminin (coupe Foy) et du double masculin (coupe Château). Tandis que le premier est annulé, le double masculin sera temporairement déplacé au club Voirie(1).

Heureusement pour le tennis et grâce au dynamisme de certains organisateurs, ces tournois vont revenir dès 1939 au parc Victoria. De plus, à partir de 1941 et pour le reste de la guerre, le club du ministère de la Voirie va installer ses pénates sur le site de l'ancien Jacques-Cartier. Cela ne ramènera pas la pratique libre au parc Victoria, puisque les membres du club Voirie sont exclusivement des employés du ministère. Cependant, la continuité des tournois, de même que l'entretien du site, vont être assurés durant toutes ces années.

Une certaine continuité

Dès l'été 1939, on voit des activités revenir sur les terrains de tennis du parc Victoria. Il y a d'abord le tournoi Foy, le championnat régional simple féminin, qui doit commencer le 18 juillet. Ce retour est dû à l'initiative de Fernand Guay, qui se charge de l'organisation(2). Guay est un pilier du tennis à Québec et propriétaire d'un commerce, le Palais des sports, sur la 13e rue. Au surplus, comme on l'a vu dans la section précédente, il faisait partie de la direction du club Jacques-Cartier, avant l'arrêt des activités de tennis. Vraisemblablement, il a pu convaincre les responsables du club de curling de faire place à ce tournoi.

Le même Fernand Guay récidive quelques semaines plus tard et annonce que le tournoi Château (championnat régional double masculin) sera lui aussi de retour au parc Victoria à partir du 25 juillet(3). Ces deux tournoi importants sont donc assurés pour l'année 1939.

Des changements pourraient être en vue au Victoria, cependant. L'Action catholique annonce au printemps 1940 qu'une transaction est en cours : « Une organisation très sérieuse prendra le contrôle du club de tennis Jacques-Cartier cet été et l'on verra ce club connaître la même popularité des anciens jours.(4) »

Cette « organisation très sérieuse » serait-elle une nouvelle venue : l'Organisation des terrains de jeu (OTJ)? Celle-ci s'était proposé d'acheter le chalet, mais il s'avère que la transaction n'aura pas lieu(5). Le club Jacques-Cartier reprend tout de même vie et annonce l'ouverture des activités pour le 25 mai. Les attentes sont modestes : les organisateurs veulent « un endroit reposant et bien tenu » et seulement un nombre suffisant de joueurs pour faire de la prochaine saison un succès(6).

L'ouverture officielle a finalement lieu le 26 et 50 membres participent au jitney(7). Plus important, le club semble en voie de reprendre la place qu'il détenait dans le tennis local avant l'interruption : il a d'abord rejoint la ligue Boisseau, qui regroupe pas moins de seize clubs de la région(8). De plus, comme pour l'année précédente, il tiendra les tournois Foy et Château(9). Enfin, il se joint à la ligue féminine de tennis de même qu'à la ligue junior(10). Bref, il semble redevenu un club à part entière comme auparavant.

Le Victoria devient le club Voirie

De nouveaux changements se préparent toutefois en 1941. Il se trouve que le club de tennis du ministère de la Voirie est à la recherche d'un site pour poursuivre ses activités. Incorporé en mars 1923, ce club avait obtenu la permission du gouvernement fédéral d'aménager un chalet et des terrains sur les Plaines d'Abraham, derrière le manège militaire(11). Or, cette permission ne tient plus puisque le chalet a été démoli à l'automne 1940(12).

Le club n'est cependant pas resté inactif et se trouve au mois d'avril 1941 « en pleine ébullition ». Les journaux ne donnent pas de détails sur les circonstances de ce fait, mais on apprend qu'il pourra profiter des 6 courts de l'ancien club Jacques-Cartier(13). Le tournoi d'ouverture a lieu le 25 mai, avec pas moins de 70 participants(14).

Ouverture Voirie, 1942

Photo L'Action catholique, 26 mai 1941

Le club Voirie va poursuivre le développement du tennis au parc Victoria. Il continue à présenter les tournois Foy, Mclaughlin (double féminin) et Château(15). De plus, il prévoit fournir l'éclairage sur quatre terrains pour que ceux-ci puissent être utilisés en soirée(16). L'année suivante, on étendra l'éclairage aux six courts(17).

Les responsables caressent même un projet plus ambitieux : celui d'établir des terrains intérieurs sur les glaces du curling. Cette initiative reçoit un accueil enthousiaste puisqu'elle donnerait la possibilité aux intéressés de pratiquer ce sport même en hiver, une condition essentielle pour affronter à armes égales les  joueurs de l'extérieur(18). On ne trouve cependant pas de suite à ce projet, et les amateurs devront attendre encore bien des années pour disposer de courts intérieurs.

Cela n'empêche pas le club Voirie de poursuivre le développement des activités et des installations. Il y a en effet de nouveaux projets pour la saison 1944. L'éclairage va être réorganisé pour donner une « illumination parfaite ». De plus, des travaux sont en cours pour aménager des « départements » - autrement dit des vestiaires - pour hommes et femmes et dotés de douches à eau chaude. Enfin, une section junior est créée et ses membres auront accès aux terrains de 10 heures à 17 heures, sauf le samedi et le dimanche(19).

 

Retour au public

Au printemps de 1945, un nouveau changement de direction survient. Le chalet du club Voirie devient propriété de la ville qui détenait toujours une option sur l'édifice. Tandis que les joueurs de ce ministère vont devoir se trouver un nouvel emplacement, c'est l'Oeuvre des terrains de jeux (OTJ) qui va prendre la direction du tennis au parc Victoria(20). Encore une fois, on assure une certaine continuité puisque le club va retrouver son nom originel de Victoria(21) et on reconnecte à la vocation première du parc, qui était de fournir à la population de la ville des espaces et des installations consacrés à l'exercice.

 

L'Œuvre des Terrains de Jeux
( 15/03/1929-14/10/1967 )

L'Oeuvre des Terrains de Jeux (OTJ), comme son nom l'indique, s'occupe de procurer des activités de loisir aux jeunes. L’OTJ, comme la plupart des patronages, vise à contrer les effets, jugés néfastes, de la ville sur la jeunesse ouvrière. Elle s’adresse aux jeunes de 3 à 18 ans. Elle offre des loisirs « chrétiens » aux jeunes et appuie l’effort paroissial en matière de loisirs, croyant ainsi sauvegarder les valeurs spirituelles de la famille. Elle se pose en « aidant des familles débordées ».

L’œuvre, dirigée à l'origine par l'abbé Arthur Ferland, prend forme d’abord au Parc Victoria. Des terrains de jeux couvriront progressivement toute la région de Québec. Certains sont ouverts pour desservir la communauté anglophone catholique, associée au mouvement. Les principaux parcs ouverts pour offrir des loisirs aux jeunes sont, dans l’ordre où ils apparaissent: Victoria (1929), Plaines d'Abraham (1931), Ferland (1933), Berthelot (1934), Dollard-des-Ormeaux (1936), Iberville (1936), Champlain (Notre-Dame-de-la-Garde) (1936), de l'Exposition (1937), de l'Esplanade (1938), Saint-Mathieu (1940), Marguerite-Bourgeoys (1941), Borne (1945), Notre-Dame-des-Victoires (1946), Bardy (1951), Cartier-Brébeuf (1953) et Sainte-Odile (1963).

La direction de l'Oeuvre des Terrains de Jeux comprend des religieux et des laïcs catholiques. Les directeurs techniques, les chefs de groupe et les gardiens de parcs, présents sur le terrain, sont des laïcs. Les activités offertes par l'Oeuvre des Terrains de Jeux sont, à ses débuts, gratuites. Les parcs offrent bien sûr des sports, mais aussi des loisirs « chrétiens », qu'ils soient d'ordres spirituel, éducatif, culturel ou encore patriotique (films, prières, sermons, pèlerinages, leçons d'histoire, chant populaire, dessin, concours de narration).

Le financement de l’œuvre provient, à 50%, de dons charitables et de ressources privées (les sommes amassées lors de soirées de patinage libre ou lors des ligues sportives pour adultes), et à 50%, de la ville de Québec. Cette œuvre est l’ancêtre du Service des loisirs de Québec. Ainsi, en 1966, l'OTJ sera intégrée au nouveau Service des loisirs et parcs de la ville de Québec.

(AVQ, P14, Rapport annuel , 1941-1942; AAQ; AVQ, fonds P14, Oeuvre des Terrains de Jeux; Brazeau, 1996; Dion, 1943; Leblond, 1947)

[Ce texte sur l'OTJ provient du site Naître et grandir à Québec 1850-1950]

NOTES

1. L'Action catholique (AC), 14 juillet 1938.
2. AC, 12 juillet 1939.
3. AC, 20 juillet 1939.
4. AC, 17 avril 1940.
5. AC, 29 avril 1940.
6. AC, 4 mai 1940.
7. AC, 28 mai 1940.
8. AC, 31 mai 1940.
9. AC, 14 juin 1940.
10. La ligue féminine comprend en 1940 cinq équipes issues de quatre clubs : Jacques-Cartier, Ferland, Saint-Louis et Employés civils (2); voir AC, 3 juillet 1940; la ligue junior en compte cinq : J.-Cartier, Everell, Giffard, St-Louis, St-Patrick; voir AC, 19 juillet 1940.

11. L'incorporation a été accordée par la ville de Québec en vertu de la résolution #95 du 15 mars 1923 (Archives de la ville de Québec); pour la localisation sur les Plaines, voir L'Événement, 20 avril 1923.
12. AC, 28 mars 1941.
13. AC, 16 et 18 avril 1941.
14. AC, 27 mai 1941.
15. AC, 11 juin 1941.
16. AC, 14 juin 1941.
17. AC, 16 mai 1942.
18. AC, 22 septembre 1942.
19. AC, 12 mai 1944.
20. AC, 9 avril 1945.
21. AC, 13 avril 1945.

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