Match professionnel 1891
Le 27/03/2023
Un premier match de tennis professionnel à Québec
À une époque où la bonne société s'adonne au tennis sans avoir l'espoir d'en tirer autre chose que de l'amusement ou une meilleure forme physique, certains mettent déjà en place des compétitions où le gagnant pourra remporter une somme d'argent.
Le Quebec Morning Chronicle rapporte en juin 1891 que Frank Barnwell, de New York et Léon Boulanger de Québec, réunis à l'hôtel Floride de cette ville, se sont entendus pour s'affronter dans un match où le vainqueur va empocher 100 dollars.
Pour se faire une idée de ce que peut représenter cette somme à l'époque, signalons que dans le même journal, une annonce d'un commerçant offre une douzaine de balles de tennis pour 3,50$. Une autre vend des cuisinières au gaz d'une valeur de 18$. Enfin, les compagnies maritimes comme Allan ou Cunard proposent des traversées de Québec vers la Grande-Bretagne - retour non compris - à bord de leurs bateaux à vapeur à des tarifs qui vont de 35$ à 100$ « en cabine ». La bourse que se disputent nos deux tennismen représente donc une somme appréciable.
Le journal indique sans plus de précision que le match s'est joué sur un terrain privé, quelque part entre Québec et la chute Montmorency, le 13 juin. Le prix sera finalement remise à Barnwell qui a remporté le match « in good style ».
Mais il semble bien que la bourse au gagnant n'était pas la seule somme en jeu. En effet, les joueurs s'exécutaient devant un public : pas moins de 16 voitures remplies à capacité (« carriages well filled ») ont quitté l'hôtel Floride pour se rendre sur les lieux du match. Le journaliste conclut en précisant : « a considerable sum of money changed hands ». Cela laisse supposer que les spectateurs, au-delà de leur probable intérêt pour le tennis, étaient aussi des parieurs intéressés par le gain.
Cet événement est donc le premier match de tennis connu joué à Québec pour une somme d'argent. C'est pour cette raison que le Chronicle parle de tennis « professionnel », une notion encore peu répandue dans le sport à l'époque.
[Source : Quebec Morning Chronicle, 22 juin 1891]