Quand la guerre entre dans sa dernière année, les choses reviennent graduellement plus près de la situation d'avant 1939. Selon le club des Employés civils, les quotas de balles ont été doublés par rapport à l'année précédente(16). Il faudra tout de même attendre bien après l'armistice, soit l'année 1948 pour qu'on reprenne une distribution systématique de balles lors des compétitions. Et encore, cela ne vaut que pour les événements de premier plan. Par exemple, les participants au tournoi provincial ouvert, tenu en juillet au club des Employés civils, s'étaient vus remettre un total de 1500 balles(17). Même chose pour le Rondeau, le championnat senior de Québec : pour la première fois depuis le déclenchement de la guerre, les organisateurs précisent que les balles seraient fournies « pour toute la durée » du tournoi(18).
En contrepartie, bien d'autres organisations maintiendront la pratique pendant toutes les années 1950 et même au-delà. C'est le cas pour les championnats des clubs, les tournois juniors ou le tournoi de l'université Laval, entre autres(19). L'exemple le plus patent est celui du tournoi intermédiaire qui attendra jusqu'à 1960 pour fournir les balles à partir de la première ronde(20). Pourtant, la guerre est alors terminée depuis plusieurs années et le retour à la pleine production devrait s'être fait complètement.
Deux facteurs peuvent expliquer ce retard à revenir à la situation « normale ». Tout d'abord, les restrictions, tout comme les raretés, ne disparaissent pas aussitôt l'armistice signée. Elles vont se poursuivre au-delà de 1947. D'autre part, le coût de de la vie va progresser de façon appréciable durant cette période(21).
On peut par exemple comparer le prix des balles avant et après le conflit pour s'en rendre compte. En 1936, la Compagnie Paquet annonce des balles au prix de 45 cents l'unité(22). Or en 1952, on trouve dans Le Soleil une annonce du magasin Pollack : 3 balles pour 1,65$, soit 55 cents l'unité(23). Cela représente une hausse appréciable : plus de 20 %. Pourtant, les coûts d'inscription aux tournois n'ont pas varié entre l'avant et l'après-guerre. Le coût de participation au tournoi Rondeau était de 1,50$ par joueur en 1935(24). En 1947, le club Belvédère demandait la même somme de 1,50$ à ceux qui souhaitaient s'inscrire à son tournoi invitation(25).
En gardant les tarifs au même niveau, les organisations devaient nécessairement faire des économies sur les dépenses des tournois. Voilà un bel exemple d'une pratique, engendrée par les nécessités du contexte de la guerre, qui s'est continuée par la suite et est restée dans les moeurs. Encore aujourd'hui, plusieurs tournois locaux comptent sur les balles des participants dans les premières rondes, justement dans le but de maintenir les frais d'inscriptions moins élevés.
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