Fin du rotation 1970

Le 20/05/2022 0

Dans Tournois et trophées

« On l'aura-t-y?... On l'aura-t-y pas? »

[Section précédente: Le tournoi rotation 1969]

Après quelques années de tennis de grande qualité, le tournoi rotation tenu aux Employés civils de Québec souffre d'une baisse des assistances et de la concurrence du tennis professionnel. Au surplus, il a perdu son commanditaire, et la recherche d'un remplaçant s'avère difficile. Malgré tous leurs efforts, les organisateurs devront déclarer forfait et annuler l'édition de 1970. Ce sera la fin du « rotation ».

Heureusement pour les amateurs, le tennis international va revenir à Québec, mais avec une autre formule et dans un autre contexte.

Un problème de commanditaire

À la fin de l'hiver 1970, les amateurs de tennis entrevoient une lueur d’espoir pour ce qui serait la sixième édition du tournoi rotation. Tout repose sur l'engagement d'un commanditaire qui aiderait le tournoi à assumer entre autres les 20 à 25 000$ nécessaires pour verser les bourses aux joueurs de réputation internationale participants.

Un des principaux organisateurs, Gaston Goulet, raconte ses démarches auprès de plusieurs entreprises; la plupart ont parlé de « coupures dans les budgets ». Les espoirs de Goulet reposent sur une dernière qui a demandé un délai pour étudier le cahier de présentation du comité organisateur. Si la réponse est positive, le tournoi serait tenu du 17 au 22 août, si ce créneau peut s'agencer aux dates des différents tournois aux États-Unis.

En attendant, les responsables ne restent pas les bras croisés. D'une part, des contacts ont déjà été faits avec les gérants de joueurs de premier plan comme Roy Emerson, Fred Stolle et plusieurs autres. D'autre part, ils ont intégré au comité d'organisation François Godbout et Ronald Corey, pour donner à l'événement des bases québécoises ou même canadiennes. De plus, des négociations sont en cours avec la Société Radio-Canada pour la télédiffusion des parties sur le réseau français et même anglais.

Si la réponse du commanditaire attendu est négative, ils seront obligée de suspendre le tournoi, quitte à organiser des parties hors-concours sur une fin de semaine entre quatre joueurs de premier plan(1).

 

Une bonne et une mauvaise nouvelle

 

En avril, sortent deux nouvelles qui pourraient modifier le destin du tournoi; l'une positive, l'autre négative. On apprend que le cigarettier Du Maurier cesse de commanditer la coupe du monde de ski. Ce budget pourrait devenir disponible pour le Rotation(2). Cependant, l'avenir du club pourraient bientôt être en jeu. Une information circule selon laquelle l'Association des employés civils a été informée que deux courts de tennis disparaîtraient sous le pic des démolisseurs pour faire place à un parc de stationnement souterrain(3). Cette nouvelle, qui sera confirmée, est la première étape vers le démantèlement complet du fameux club de tennis, en 1971. [Sur cet épisode, voir notre chronique « Le Quebec Winter Club est vendu aux Employés civils »]

À la fin du mois, la décision finale sort enfin : un bulletin d'information publié par le président du tournoi annonce officiellement que le tournoi n'aura pas lieu à cause du montant des bourses et des coûts d'opération(4). Yves Potvin, un joueur bien connu à Québec, qui caresse le projet de construire un club de tennis intérieur, renchérit : « Les athlètes sont tout simplement devenus trop exigeants(5). » La baisse des assistances en 1969, qui a privé le tournoi d'une bonne partie de ses revenus, a probablement aussi pesé dans la balance.

Québec « volé » par Toronto?

On sent poindre un peu d'amertume à la fin de l'été lorsque la ville de Toronto présente à la mi-août le premier omnium canadien de tennis de l'histoire. « Toronto a soufflé le tournoi à Québec », fulmine Claude Larochelle après l'événement. Cet omnium a en effet été réalisé grâce à la participation : 1) du commanditaire basé à Toronto, que les Employés civils cherchaient à recruter; 2) à des joueurs comme Rod Laver, lui aussi contacté par les organisateurs de Québec et enfin 3) au même montant de bourses qu'auraient pu recevoir les participants au tournoi rotation. Le « dur labeur de déblaiement » fait par les québécois a finalement servi la capitale ontarienne, conclut-il(6).

Mince consolation pour les Employés civils, plusieurs participants au rotation comme Roy Emerson, gardant un bon souvenir de leur séjour, ont appuyé l'idée que le championnat international soit tenu à Québec(7). Autre ironie du sort, le tournoi disparaît alors que des vedettes locales comme Richard Legendre et Réjean Genois connaissent de plus en plus de succès à l'extérieur, particulièrement en cette année 1970(8). On peut imaginer qu'ils auraient pu contribuer à attirer les foules à des éditions subséquentes du tournoi rotation.

En dépit de cet échec, le tennis international va revenir à Québec, mais dans une autre formule et un autre contexte. C'est ce que nous allons voir dans une autre série de chroniques.

[À venir : Le tournoi Rothmans 1971]

 

NOTES

1. Le Soleil (LS), 12 mars 1970.
2. LS, 10 avril 1970.
3. LS, 25 avril 1970.
4. LS, 28 avril 1970.
5. LS, 20 juillet 1970.
6. LS, 20 août 1970.
7. LS, 5 septembre 1970.
8. LS, 30 décembre 1970.

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