chevaux

Un moteur de changement social

Le 28/03/2024

[Section précédente : La charrue ou le charroi]

Non contents d'être utiles en Nouvelle-France, les chevaux deviennent l'un des éléments essentiels du mode de vie de tous ses habitants. Voilà qui constitue un changement social par rapport à la métropole et contribue à donner à cette colonie quelques-uns de ses traits particuliers. L'usage des chevaux se confond ici avec le train de vie, les habitudes sociales, la réussite matérielle.

En raison de leur fierté et de leur intérêt pour les chevaux, les habitants cherchent souvent à faire la démonstration de leurs capacités et de leur vitesse. S'ensuivent des courses improvisées et des habitudes de conduite à la limite de la sécurité. Cela érige un mur entre les habitants et l'administration. Celle-ci va répondre par une avalanche de réglementations, dont l'effet va toutefois rester limité.

Multiplication des chevaux

Le 05/09/2023

De quelques dizaines à une douzaine de mille

[Section précédente : La distribution des chevaux]

Distribué dans la population de Nouvelle-France contre promesse de le faire se reproduire, le cheval y trouve des conditions favorables puisqu'il va se multiplier rapidement. Au vu de cette progression, on peut affirmer que l'envoi de chevaux sera un des plus grands succès de toute l'opération coloniale française en Amérique : sur une période de moins de cent ans, les quelque quatre-vingt bêtes traversées de 1665 à 1671 vont devenir un troupeau plus de douze mille au moment de la Conquête.

Les différents recensements tenus par l'administration française sont éloquents à ce sujet. Le troupeau de chevaux augmente avec régularité pour atteindre vers 1720 environ 20% de la population humaine, soit 5270 chevaux pour 24 434 personnes. Ce rapport de un pour cinq constitue une proportion très élevée qui fait penser à l'attrait pour l'automobile dans les années 1960 ou 1970. Il va favoriser l'intégration de cet animal dans la vie de tous les jours et contribuer à façonner cette jeune société.

Distribution des chevaux

Le 18/08/2023

À qui vont les chevaux envoyés par le roi?

[Section précédente : Les envois royaux]

Les quelque 80 chevaux envoyés de France à Québec entre 1665 et 1671 pour équiper la colonie ne sont pas lâchés dans la nature à l'aveuglette. Ils restent sous la responsabilité de l'administration au moment du débarquement. Pour eux, on a prévu un système de distribution particulier, dont on va voir ici les caractéristiques : l'intendant prend les animaux en charge au nom du roi, désigne les récipiendaires et prend entente avec eux.

Les heureux élus seront répartis, au début en tous cas, entre personnalités de la colonie et communautés religieuses. C'est que la France de l'Ancien régime est très étanche socialement, et les chevaux y sont réservés aux classes dominantes, par exemple pour tirer les carrosses ou pour porter les officiers de l'armée.

L'entente proposée par l'intendant, d'une durée de trois ans, précise comment les nouveaux propriétaires pourront utiliser les chevaux à leur avantage, mais aussi comment ils auront la responsabilité de les garder en bonne condition et surtout les faire se reproduire. En effet, ils devront à l'échéance remettre un poulain, sous peine de payer une amende. Après trois ans, l'administrateur était donc en possession d'une nouvelle génération de chevaux à distribuer, qui serait renouvelée dans les trois années suivantes, et ainsi de suite. Cette formule pouvait tourner à l'infini et elle va démontrer son efficacité en Nouvelle-France.

Les envois royaux

Le 03/07/2023

Des chevaux envoyés sur ordre du roi

[Section précédente : Le premier cheval à Québec]

En 1660, Louis XIV atteint sa majorité et prend en mains les affaires du royaume. Il décide alors de donner une solide impulsion au développement de la Nouvelle-France : d'importants moyens sont mis en œuvre pour renforcer le peuplement, la défense et l'équipement de la colonie. Les chevaux font intimement partie de ce programme.

Six envois comprenant juments et étalons seront faits entre 1665 et 1671, pour un total d'environ 80 bêtes. À partir de ce moment, on considérera que la colonie en est suffisamment pourvue et que la reproduction fera le reste. Ce groupe est le noyau du troupeau de chevaux qui va peupler la Nouvelle-France jusqu'à la Conquête.